Pourquoi méditer ?
La méditation a pour objet de pacifier l’esprit et de le clarifier : il s’agit de cultiver l’assise et la présence. Au-delà de la détente, elle est un entrainement progressif et adapté à chacun pour reconnaitre ses fonctionnements afin d’être plus libre ; c’est pourquoi les bienfaits de la méditation peuvent se décliner dans le quotidien.
La méditation est une rencontre progressive avec nous-même et notre richesse intérieure. Elle permet de poser un regard neuf sur nos sensations, nos pensées et nos états d’esprit : nous nous entraînons à les reconnaitre et à ne pas les suivre, ce qui permet de cultiver la clarté. C’est également un temps de détente et de pause dans nos activités.
Le sens de la méditation
Le sens de la méditation est la non-distraction de l’esprit, indissociable d’une authentique présence. L’esprit n’est pas emporté, ne suit pas tous les mouvements (les images, les concepts, les idées, les souvenirs, etc.) qui en permanence le traversent. L’esprit est en même temps conscient, présent à lui-même et au monde, et ne perd pas le fil de cette conscience.
La non-distraction, cette présence consciente, permet à l’esprit de développer une clarté qui nous conduit à entrer de plus en plus intimement en contact avec notre nature.
Nous nous exerçons à ne pas être interrompus, distraits, emportés par tout ce qui s’élève dans l’esprit. Cela ne signifie pas que nous cherchons à nous échapper de l’environnement extérieur ou à nous fermer à notre réalité intérieure. Nous restons réceptifs à tout ce qui apparaît dans l’esprit, comme à tout ce qui est perçu par nos cinq sens : les formes extérieures, les sons, etc. Nous accueillons toutes ces sensations sans les rejeter, dans un état de vigilance dépourvu de tension.
Le terme « méditation », dans ce contexte, recouvre le concept suivant en tibétain : demeurer avec ce qui est dans un état pacifié.
L’objectif est donc de faire en sorte que l’esprit ne soit plus distrait par les habitudes et les chemins tracés qu’il emprunte automatiquement. Les pensées continueront de s’élever dans l’esprit selon le mouvement imprimé par nos tendances, il n’est pas question de les éradiquer ni de les bloquer, mais de ne pas les suivre.
Pratiquer une méditation juste permet de récolter, à terme, le fruit juste. « Juste » ne signifie pas ici positif. Si la méditation que nous pratiquons est authentique et que nous l’utilisons de façon appropriée, nous récolterons le fruit approprié qui est ultimement la réalisation de l’éveil et temporairement un mieux-vivre en tant qu’être humain.
La technique n’est qu’une technique
Pour aider à l’accomplissement du processus méditatif, il existe diverses méthodes. Il existe de nombreux supports différents, mais la pratique la plus simple est d’utiliser sa respiration et de focaliser son esprit dessus.
Il s’agit de compter jusqu’à 21 expirations et inspirations. L’entrainement consiste à ne pas laisser l’esprit se distraire et rester concentré. Il est donc nécessaire, dans un premier temps, de savoir comment demeurer dans cette concentration, et pour cela comprendre comment l’esprit est perturbé.
Une fois le mécanisme compris, nous pouvons alors mettre en œuvre les moyens pour ne pas être submergés par les distractions ; c’est ainsi que nous développons une qualité de présence. Sans la reconnaissance du mécanisme d’apparition des pensées dans l’esprit, il n’est pas envisageable de se défaire du ressac de nos habitudes. La conscience lucide offre à l’esprit l’opportunité d’éviter la distraction.
Nous effectuons un cycle de vingt et une respirations complètes : nous expirons, puis inspirons en marquant une pause. Nous procédons ainsi vingt et une fois en étant conscients du déroulement de chacune des respirations. Bien entendu, il est recommandé d’allonger ces sessions dès que nous nous en sentons capable. Il est bon également de multiplier les sessions au cours d’une même journée.
La vigilance offre à l’esprit l’opportunité d’éviter la distraction. Ce résultat exige des efforts et de la patience ; une fois un premier degré de conscience acquis, l’entraînement consiste à augmenter la période de concentration.
Nous commençons par de courtes périodes de méditation, puis, à force de régularité, la durée des sessions pourra être allongée, l’idée étant de demeurer absorbés le plus longtemps possible afin de révéler notre discernement. Les instructions ne peuvent être intégrées que si l’esprit est clair, c’est-a-dire s’il peut rester centré sans être perturbé par ses schémas émotionnels habituels.
De l’entraînement émerge une pratique de plus en plus naturelle. Ainsi, une fois arrivé à 21 respirations, nous en comptons de plus en plus, toujours avec la même qualité d’absorption. Une personne avec une certaine expérience de pratique peut tout à fait rester concentrée pendant plusieurs milliers de respirations.
Un néophyte dans le domaine de la course à pied qui s’engage à courir dix kilomètres sans aucun entraînement préalable sera vite à bout de souffle. En revanche, un sportif entraîné, qu’il soit jeune ou plus âgé, trouvera immédiatement son rythme et parcourra la distance sans problème. Tout provient d’une habitude initiale et la méditation n’y échappe pas. Lorsque l’on prend l’avion, le décollage est toujours un point critique, mais une fois en vol, les difficultés disparaissent. La méditation fonctionne à l’identique.
La façon d’utiliser le support de la respiration consiste à ne pas trop conceptualiser, comme le fait de commenter sa méditation, et à ne pas se focaliser avec trop d’intensité. Il s’agit juste de rester sur la respiration et si l’esprit suit les idées, revenir à la respiration.
Mais nous ne devons jamais perdre de vue que la technique n’est qu’une technique, et que ces exercices n’ont qu’une seule finalité : permettre, à travers le maintien d’un état de vive conscience, que notre esprit se clarifie et qu’émerge notre potentiel de discernement.
Habituellement, quand on commence quelque chose de nouveau, on veut le faire absolument correctement, par peur que cela crée des problèmes dans le cas contraire.
Cette attitude n’est pas nécessaire. Nous n’avons pas à nous inquiéter, mais au contraire, il nous faut laisser le processus se faire tout naturellement. Ainsi, on pourra méditer de plus en plus longtemps.
La présence est préservée dans la durée tout en étant actualisée d’instant en instant jusqu’à ce que nous soyons tout à fait détendus et à l’aise dans la méditation.